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Déclic délices
16 décembre 2012

Esprit frenchy et carreaux vichy

Fort d’une riche histoire et d’attraits touristiques indéniables, Montmartre est abondamment pourvu en gargotes so french. Il faut bien nourrir la masse touristique qui, à l’instar de Gil Pender dans Minuit à Paris, arpente les rues pavées à la recherche des ombres planantes de Picasso, Matisse, Dali, Hemingway ou Francis Scott Fitzgerald ! Ainsi les cartes arborent fièrement le patrimoine gastronomique français. Face à la profusion de ce type de restos, une question se pose et s’impose : comment dissocier les attrape-touristes des auberges authentiques ? Après avoir connu quelques déboires gustatifs à Paris, Prince® et moi avons dernièrement testé deux restaurants traditionnels de la butte. Si la bonne cuisine familiale attire le chaland des quatre coins du monde, quid de la qualité des mets ? Allons-nous ou non aimer ? Le premier visité s’inspire du terroir auvergnat, le second oriente sa carte vers le sud-ouest. Ce blog requiert vraiment un investissement personnel à toutes épreuves…

Devanture le Sagittaire     Devanture le Virage Lepic

Exclusivement pour les besoins de ce billet donc, nous nous sommes dirigés vers le numéro 77 de la rue Lamarck et avons ouvert les portes du Sagittaire. Une jolie salle cosy à dominante rouge et crème nous a accueilli. Ce cadre intimiste aux lumières douces paraissait idéal pour un dîner en tête-à-tête. Nous avons opté pour une formule « tout compris » à 34 euros : un apéritif, une entrée, un plat, une assiette de fromage, un dessert, un café et ½ litre de vin par personne. Au vu des plats proposés, ce menu semblait plutôt bon marché et permettait d’éviter les déboires dont Muriel Robin, loin des Himbas de Namibie, avait jadis été l’illustre victime.  

Un très classique kir royal nous a été proposé en guise d’apéritif. Malgré un manque certain d’originalité, nous l’avons bu avec plaisir, il était plutôt bon, n’en déplaise aux mauvaises langues ! Pour ouvrir ce repas, j’ai choisi une cassolette d’escargots au beurre d’ail. Là non plus, rien de bien étonnant. Prince® s’est véritablement régalé avec un foie gras en terrine. Mais nous aurions également pu opter pour une verdurette de pétoncles, un tartare de saumon, etc. Nos plats, un pavé de bœuf au poivre pour lui, une cuisse de canard confite pour moi, étaient savoureux. La purée, servie en garniture, était maison. Mon confit ni trop gras, ni filandreux, ni exagérément salé. Un vrai délice… Pour finir, Prince® s’est plongé dans une charmante assiette de profiteroles vanille-chocolat tandis que chocophile que je suis a craqué pour un craquant. Je n’ai pas réussi à déterminer s’il était ou non maison, mais il était tout de même très correct. En revanche, la crème anglaise sur laquelle il était disposé ne l’était pas. Dommage… 

Les produits servis au Sagittaire sont globalement de qualité, les cuissons maîtrisées, le service sympathique, sans chichi et efficace. Rien d’inédit n’émoustille les papilles mais la carte ne ment pas, elle ne laisse pas présager autre chose. L’inspiration auvergnate est ici très lointaine mais l’équipe ne mise pas forcément beaucoup sur cette carte-là. Et puis, la présence du fromage est notable. Peut-être que le Sagittaire était initialement un bougnat, ces cafés parisiens tenus par des immigrants du Massif central, à la fois débits de boisson et fournisseurs de charbon. L'apogée des bougnats se situe dans la première moitié du XXe siècle. Hélas ! il n’en reste aujourd’hui quasiment plus. Seuls quelques traces de cet héritage persistent comme la présence d’aligot, de saucisses auvergnates ou de viandes d’Aubrac dans les cartes.

Intérieur Le Sagittaire 2     Intérieur Le Sagittaire

Toujours entièrement dévoués à la cause de ce blog gourmand, Prince® et moi avons dîné dans le minuscule Virage Lepic, situé au numéro 61 de la rue Lepic. Dès le pas de la porte passé, la décoration suscite l’émerveillement : salle pas plus grande qu’une boîte à chaussure (26 couverts), ambiance taverne dans la pure tradition française, petites tables à touche-touche, nappes à carreaux rouges et blancs, murs habillés de photos d’artistes et d’affiches anciennes. Le chaleureux accueil du patron entre précisément en adéquation avec le décor ; le service est convivial sans être collant pour autant.

Le rinquiquin, délicieux vin de pêche qui nous a été servi en apéritif, nous a tout de suite enthousiasmés. N’ayant pas grand faim, nous n’avons pas pris d’entrée et choisi des plats à la carte. La prochaine fois, nous nous laisserons certainement tentés par une assiette d’os à moelle au gros sel, une terrine de lapin ou un gratiné à l’oignon. Les entrées qui dansaient autour de nous avaient l’air très appétissant. Mais les plats ne nous ont pas déçu non plus ! Parmi les rognons persillés, l’andouillette rôtie, le boudin aux pommes, le magret de canard au foie gras, le confit de canard, etc., nous avons tous les deux opté pour un cassoulet. Et nous n’avons pas regretté ce choix ! Goût et générosité étaient au rendez-vous dans la cassole traditionnelle. Seule la saucisse n’était pas au diapason mais ce détail fut laissé de côté tant le reste était parfait. Les desserts, toujours très tradi — fondant au chocolat aux quatre épices pour Prince®, tarte Tatin pour moi —, ont complètement emporté notre adhésion aussi. Il est devenu si rare de se délecter de vrais et copieux desserts au resto… Quel plaisir ! Ici tout est donc fait-maison et le patron en est très fier. Notons enfin que vin qui a arrosé ce repas était d’excellente facture.

Intérieur le Virage Lepic     Os à moelle

En plus d’être d’irréfutables preuves des sacrifices que je dois subir pour alimenter ce blog, ces deux dîners à Montmartre ont donc été d’exquis moments. La vocation première de ces établissements étant d’attirer les touristes, rien d’insolite ne vient surprendre nos palets autochtones. Mais au moins, on ne méprise pas les étrangers, les gavant comme des pigeons et les plumant au passage. Prix raisonnables, qualité de l’assiette et service aimable sont de la partie. Toutefois, il convient de distinguer le Sagittaire du Virage Lepic pour des occasions particulières. Le premier, au décor et à la présentation des plats plus raffinés, est davantage propice aux dîners en amoureux ; le second, plus bruyant, est à conseiller aux grosses tablées de copains. Mais dans tous les cas, la réservation est indispensable. Les Montmartrois ne s’y trompent pas, ils connaissent les bonnes adresses. Car, chers touristes, qui va Place du Terte perd sa place !

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Commentaires
M
alors là il faut postuler comme critique au guide Michelin !
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  • Nourritures terrestres et célestes se côtoient sous ma plume tonka. Dans ma marmite 2.0, un bouillon de culture mariant papotages, picotages, des livres et délices à savourer jusqu’à plus faim et/ou jusqu’au mot FIN.
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