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Déclic délices
19 décembre 2012

Jolie découverte à la Maroquinerie

Samedi soir, Prince® et moi avons foulé des chemins de hasard et rempli nos cages à miel de nouveaux sons. Ce qui est merveilleux quand on connaît peu de monde dans une ville, c’est que le temps l’on passait autrefois à se goinfrer de cacahuètes en buvant des potions magiques entre amis, on le met désormais au profit d’aventures singulières. Et assister à un concert sans connaître l’artiste n’est finalement ni vaine, ni banale entreprise. Après mes articles cook and book, voici donc une chronique zique…

J’imagine que le nom de Lisa Portelli ne vous évoque pas grand-chose. Avant de consulter sa bio, je confondais vaguement cette jeune chanteuse-guitariste avec Elisa Tovati. Quelques pages web plus tard, j’apprenais qu’Elsa Portelli avait publié un album intitulé Le Régal en 2011 et qu’elle puisait son inspiration du côté de PJ Harvey, Dominique A, Emilie Simon, Alain Bashung… Il y a pires sources où abreuver son imaginaire, n’est-ce pas ? Les honneurs qui lui ont été faits semblaient également de bon augure : Découverte du Printemps de Bourges en 2006, Chantier des Francofolies 2007, lauréate Paris jeunes talents 2010, nommée à la sélection du prix Constantin 2011 (néanmoins remporté par Selah Sue).

Munis de deux invitations pour découvrir Lisa Portelli, nous nous sommes dirigés vers le très bobo quartier de Belleville et avons poussé les portes de la Maroquinerie. C’est à une entrée en scène tout en discrétion à laquelle nous avons assisté. Lisa Portelli et son guitariste soulignaient du bout des doigts les émotions d’un court-métrage muet intitulé « Prises de vie ». Pendant douze minutes défilaient les tranches de l’existence d’un homme et d’une femme, d’une rencontre, d’un amour qui éclot, d’un ventre qui s’arrondit, d’un enfant qui grandit. Un thématique ordinaire mais un angle intéressant duquel les détails anodins, les espaces et les temps creux ne sont pas gommés. Plaisant…

 la-maroquinerie-entrée      Lisa Portelli à la Maroquinerie      la-maroquinerie-2

Après un bref entracte, Lisa Portelli réapparaît dans un phrasé presque rappé. Sa voix profonde oscille avec aisance entre ténèbres et sommets cristallins. Ce timbre opalescent est charmant mais pas assez usité à mon sens. De cette amplitude vocale posée sur une musique dépouillée – deux guitares et une batterie – germe une poésie délicate. D’ailleurs les textes sont admirablement ciselés bien que saturés d’images obsolètes. Les métaphores liées au ciel, à l’horizon ou aux vagues sont un rien classiques et leur redondance pourrait à terme friser l’ennui. Mais Lisa Portelli n’est pas seulement grâce aérienne, elle sait aussi se montrer rockeuse voire hargneuse. Le sucre et le miel de ses ritournelles se pimentent de grandes envolées électriques. La rythmique se fait plus entraînante et la guitare tonitruante.

Il va sans dire que Lisa Portelli a bon goût, elle sait s’entourer, et le charme qui émane de ce petit brin de femme tient aussi à cela. Ainsi, Andoni Iturrioz, le parolier avec qui elle a coécrit son album, nous offre une douce parenthèse parlée. Unique regret, cet homme-là se prend légèrement au sérieux et le statisme de son intervention fossilise un peu plus – et il n’en a pas besoin – le genre poétique. Par la suite, Lisa Portelli invite sur scène une chorale de fillettes pour interpréter l’enjouée et nerveuse Animal K. Intervention réussie et largement saluée par le public reprenant en liesse : animal cannibale, animal kamikaze… Enfin, la chanteuse revisite l’un des rares « tubes » du très inspiré chamaliérois Jean-Louis Murat : Mon amour est-il dans son quartier de lune ? Mon amour veut-il faire un tour dans l'au-delà ? Mon amour a-t-il mis ses habits de fête ? Mon amour veut-il faire un tour dans l'au-delà ? Belle prestation nouant complicité voire symbiose avec le public.

 Lisa Portelli sur la scène de la maroquinerie   Lisa Portelli avec chorale de jeunes filles   Lisa Portelli sur scène

Le succès de cette soirée tient aussi au caractère bien trempé de Lisa Portelli. Cette jeune artiste au jeu de guitare tranchant sait se montrer tantôt sauvage, tantôt enjouée ou espiègle. On pressent chez elle une réserve corsetant une vraie fougue. Une certaine sensualité émane aussi de ce petit bout de femme dont les rugissements contenus affleurent le jeu de scène. Hélas, cette demi-timidité provoque des interventions parlées maladroites et un tantinet vulgaires loin de l’image qu’on se fait d’elle. Manque évident de confiance en soi. Crois en toi Lisa car le public, lui, te suivra ! Cette soirée improvisée était pleine de promesses…

A vous de juger :

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  • Nourritures terrestres et célestes se côtoient sous ma plume tonka. Dans ma marmite 2.0, un bouillon de culture mariant papotages, picotages, des livres et délices à savourer jusqu’à plus faim et/ou jusqu’au mot FIN.
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