Hôtel de ville en clair-obscur
Pas envie que l’ennui soit notre mode de vie. Par chance à Paris, pas de souci ! Rendez-vous est pris pour la nouvelle exposition de l’Hôtel de ville : « Brassaï, Pour l’amour de Paris ».
Imaginez un temps où, dans la capitale, le noir de la nuit existait encore. Néons, enseignes lumineuses et halo orangé n’avaient pas encore avalé les abymes de la ville. De ce décor nocturne, Brassaï aime capter le brouillard de la Seine, le reflet des lumières sur les pavés, les ombres furtives… Atmosphère à la fois familière et théâtrale dans laquelle se côtoient les monuments les plus impressionnants et les vespasiennes, les graffitis ou le mobilier urbain.
Du charbon de cette nuit intense surgissent aussi des portraits de parisiens qu’on dirait coupés à la serpe : prostituées, mauvais garçons, travailleurs des Halles, clowns, cartomancières… Le contraste duquel ils apparaissent les rend d’autant plus vivants. On imagine aisément la gouaille de ces tronches insolentes. A cette galerie de personnages hétéroclite, s’associent les artistes que Brassaï fréquente alors comme Picasso, l’un de ses collaborateurs et amis. S’ajoutent aussi des nus aussi troublants que le cadrage est serré. Le grain de peau se mêle au grain du papier. L’envie de toucher nous effleure.
On prend d’abord la mesure de la beauté esthétique des compositions puis ressortent autant de figures et de détails intemporels ou révolus qu’il devient ludique de scruter de près. Le cheminement de cliché en cliché devient un cheminement de fascination en exaltation.
Bonne exposition !