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Déclic délices
27 décembre 2012

Réveillons le poisson (partie II)

J’espère que vous avez passé un joyeux Noël, réveillé ou non le poisson, taquiné le papillomètre et partagé, autant que possible, de bons moments en famille.

Après avoir évoqué les Timbales de Jeanne dans un précédent billet, voici comme promis, une seconde recette en habits de fête et en paillettes pour régaler vos invités tout en restant léger ! Car à la saint Sylvestre, qui tombe la veste reste svelte.

Les noix de Saint-Jacques au Pastis :

 Saint-Jacques     Noix de saint jacques

Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 16 noix de Saint-Jacques (avec ou sans corail, selon votre préférence)
- 2 carottes de taille moyenne
- 1 poireau
- 2 échalotes de taille moyenne
- 1 brique de crème fraîche épaisse
- 2 cuillères à soupe d'huile d'olive
- 3 cuillères à soupe de Pastis
- sel, poivre.

Coupez les carottes, le poireau et les échalotes en fines juliennes (pour aller plus vite, vous pouvez aussi tout passer à la râpe type « carottes râpées » de votre robot).

Faites revenir cet émincé à feu doux dans un peu d’huile d'olive 5 à 10 minutes. Réservez.

Juste avant de servir, faites revenir les noix de Saint-Jacques une minute sur chaque face puis versez votre julienne par-dessus. Salez et poivrez.

En même temps, faites bouillir le Pastis dans une petite casserole, flambez-le puis versez-le (avec les flammes) sur les noix de Saint-Jacques.

Mettez la crème fraîche. Faites réchauffer quelques secondes à feux doux en évitant de faire cuire la crème fraîche. Servez !

Noix de saint-jacques au Pastis

Si le mal est déjà fait, que votre pantalon est dégrafé et votre langue chargée, il reste bien sûr les cachetons miracles dont je vous ai déjà parlés ! Mais leur nom je tairais car, à force, on va croire que je bosse pour une firme de médocs. Alors que, sérieusement, le meilleur des médocs c’est quand même le Médoc !

Bon réveillon joyeux lurons et à l’année prochaine !

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21 décembre 2012

Réveillons le poisson (partie I)

Avant que la neige n’étende son manteau blanc sur la belle nuit de Noël et que, les yeux levés vers le ciel, les enfants ne rêvent au petit papa Noël, avez-vous garni votre pharmacie de doliprane et de citrate de bétaïne ? Outre de beaux joujoux, bouches et estomacs il va falloir ouvrir. Durant les fêtes, l’an passé, 66% d’entre nous ont bu de l’alcool, et ont, pour beaucoup, fini givrés comme des sapins... Pour ceux qui confondent période féérique et excuse alcoolique, désolée, hic, je n’ai pas de conseils, hic, si ce n’est celui, hic, d’éviter de fâcher tout le monde en évoquant le pull tête de cerf ou le CD de Patrick Bruel qui vient de vous être fièrement tendu. Pour survivre au gavage organisé et en sortir frais, il existe évidemment le citrate et le doliprane. Mais comme le clament toutes les mamies, et comme toutes les mamies ne disent pas que des âneries, il vaut mieux prévenir que guérir.  

sucre-orge2        Père noël pêcheur        sucre-orge2

Pour les réveillons, j’ai donc une solution : le poisson. Ce violent antipoison se cuisinera avec passion afin d’alléger le pesant de votre panse. D’accord, il empeste la cuisine quand on le fait cuire ; d’accord les petits vont s’étrangler avec les arrêtes. Néanmoins, ses vertus nutritionnelles sont d’excellentes raisons de le proposer pour les fêtes quitte à engendrer quelques pertes humaines. La plupart des espèces sont très pauvres en graisses et les plus riches contiennent des oméga 3 qui protègent les artères en faisant baisser le taux de cholestérol. De quoi exclure toute mauvaise conscience en s’empiffrant de foie gras, de fromage et de bûche au marron avant et après un bon poisson ! 

Mais comment cuisiner cet étrange animal sans se donner trop de mal ? Les fêtes de fin d’année ne sont pas propices aux heures passées  en cuisine : il y a ce fichu cadeau livré au dernier moment à aller chercher dans un bouiboui, les gougouttes à donner à grand tata pour ses rhumatismes, la table à décorer dans des couleurs douces et chatoyantes bien qu’on sache pertinemment qu’elle ne sera jamais aussi belle que celle de la page 38 du dernier Elle à table. Bref, ce qu’il nous faut c’est une recette méga-simplette et qui en jette ! Et là, vous pouvez compter sur moi, j’ai ce qu’il vous faut : Les Timbales de Jeanne, l’un des best de Marmiton, et Les noix de Saint-Jacques au pastis (je développerai cette seconde recette dans un article à venir très prochainement).

Les Timbales de Jeanne :

Saumon fumé   Les timbales de jeanne   Saumon

Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 4 tranches de saumon fumé
- 2 courgettes
- 3 oeufs
- 10 cl de crème fraîche épaisse
- aneth
- 1 petite gousse d'aïl
- huile d'olive
- sel et poivre

Après les avoir pelées et coupées en rondelles, faites revenir les courgettes dans de l'huile d'olive avec l’aïl écrasé et l’aneth.  Poivrez et salez modérément (le saumon fumé l’ai déjà beaucoup). Réservez et laissez refroidir.

Battez les œufs et la crème dans un saladier.

Mélangez cette omelette avec les courgettes puis mixez avec votre pied à soupe afin d’obtenir un effet mousse.

Tapissez quatre ramequins avec les tranches de saumon fumé de sorte à recouvrir entièrement les parois.

Versez la mousse de courgettes dans les ramequins enduis de saumon.

Faire cuire au bain-marie un quart d’heure/vingt minutes en fonction de la puissance de votre four. Je déconseille la cuisson au micro-ondes préconisée par Marmiton. Essayée une fois, ce fut une vraie catastrophe !  

Bon appétit et surtout :

Joyeux noël poisson

19 décembre 2012

Jolie découverte à la Maroquinerie

Samedi soir, Prince® et moi avons foulé des chemins de hasard et rempli nos cages à miel de nouveaux sons. Ce qui est merveilleux quand on connaît peu de monde dans une ville, c’est que le temps l’on passait autrefois à se goinfrer de cacahuètes en buvant des potions magiques entre amis, on le met désormais au profit d’aventures singulières. Et assister à un concert sans connaître l’artiste n’est finalement ni vaine, ni banale entreprise. Après mes articles cook and book, voici donc une chronique zique…

J’imagine que le nom de Lisa Portelli ne vous évoque pas grand-chose. Avant de consulter sa bio, je confondais vaguement cette jeune chanteuse-guitariste avec Elisa Tovati. Quelques pages web plus tard, j’apprenais qu’Elsa Portelli avait publié un album intitulé Le Régal en 2011 et qu’elle puisait son inspiration du côté de PJ Harvey, Dominique A, Emilie Simon, Alain Bashung… Il y a pires sources où abreuver son imaginaire, n’est-ce pas ? Les honneurs qui lui ont été faits semblaient également de bon augure : Découverte du Printemps de Bourges en 2006, Chantier des Francofolies 2007, lauréate Paris jeunes talents 2010, nommée à la sélection du prix Constantin 2011 (néanmoins remporté par Selah Sue).

Munis de deux invitations pour découvrir Lisa Portelli, nous nous sommes dirigés vers le très bobo quartier de Belleville et avons poussé les portes de la Maroquinerie. C’est à une entrée en scène tout en discrétion à laquelle nous avons assisté. Lisa Portelli et son guitariste soulignaient du bout des doigts les émotions d’un court-métrage muet intitulé « Prises de vie ». Pendant douze minutes défilaient les tranches de l’existence d’un homme et d’une femme, d’une rencontre, d’un amour qui éclot, d’un ventre qui s’arrondit, d’un enfant qui grandit. Un thématique ordinaire mais un angle intéressant duquel les détails anodins, les espaces et les temps creux ne sont pas gommés. Plaisant…

 la-maroquinerie-entrée      Lisa Portelli à la Maroquinerie      la-maroquinerie-2

Après un bref entracte, Lisa Portelli réapparaît dans un phrasé presque rappé. Sa voix profonde oscille avec aisance entre ténèbres et sommets cristallins. Ce timbre opalescent est charmant mais pas assez usité à mon sens. De cette amplitude vocale posée sur une musique dépouillée – deux guitares et une batterie – germe une poésie délicate. D’ailleurs les textes sont admirablement ciselés bien que saturés d’images obsolètes. Les métaphores liées au ciel, à l’horizon ou aux vagues sont un rien classiques et leur redondance pourrait à terme friser l’ennui. Mais Lisa Portelli n’est pas seulement grâce aérienne, elle sait aussi se montrer rockeuse voire hargneuse. Le sucre et le miel de ses ritournelles se pimentent de grandes envolées électriques. La rythmique se fait plus entraînante et la guitare tonitruante.

Il va sans dire que Lisa Portelli a bon goût, elle sait s’entourer, et le charme qui émane de ce petit brin de femme tient aussi à cela. Ainsi, Andoni Iturrioz, le parolier avec qui elle a coécrit son album, nous offre une douce parenthèse parlée. Unique regret, cet homme-là se prend légèrement au sérieux et le statisme de son intervention fossilise un peu plus – et il n’en a pas besoin – le genre poétique. Par la suite, Lisa Portelli invite sur scène une chorale de fillettes pour interpréter l’enjouée et nerveuse Animal K. Intervention réussie et largement saluée par le public reprenant en liesse : animal cannibale, animal kamikaze… Enfin, la chanteuse revisite l’un des rares « tubes » du très inspiré chamaliérois Jean-Louis Murat : Mon amour est-il dans son quartier de lune ? Mon amour veut-il faire un tour dans l'au-delà ? Mon amour a-t-il mis ses habits de fête ? Mon amour veut-il faire un tour dans l'au-delà ? Belle prestation nouant complicité voire symbiose avec le public.

 Lisa Portelli sur la scène de la maroquinerie   Lisa Portelli avec chorale de jeunes filles   Lisa Portelli sur scène

Le succès de cette soirée tient aussi au caractère bien trempé de Lisa Portelli. Cette jeune artiste au jeu de guitare tranchant sait se montrer tantôt sauvage, tantôt enjouée ou espiègle. On pressent chez elle une réserve corsetant une vraie fougue. Une certaine sensualité émane aussi de ce petit bout de femme dont les rugissements contenus affleurent le jeu de scène. Hélas, cette demi-timidité provoque des interventions parlées maladroites et un tantinet vulgaires loin de l’image qu’on se fait d’elle. Manque évident de confiance en soi. Crois en toi Lisa car le public, lui, te suivra ! Cette soirée improvisée était pleine de promesses…

A vous de juger :

16 décembre 2012

Esprit frenchy et carreaux vichy

Fort d’une riche histoire et d’attraits touristiques indéniables, Montmartre est abondamment pourvu en gargotes so french. Il faut bien nourrir la masse touristique qui, à l’instar de Gil Pender dans Minuit à Paris, arpente les rues pavées à la recherche des ombres planantes de Picasso, Matisse, Dali, Hemingway ou Francis Scott Fitzgerald ! Ainsi les cartes arborent fièrement le patrimoine gastronomique français. Face à la profusion de ce type de restos, une question se pose et s’impose : comment dissocier les attrape-touristes des auberges authentiques ? Après avoir connu quelques déboires gustatifs à Paris, Prince® et moi avons dernièrement testé deux restaurants traditionnels de la butte. Si la bonne cuisine familiale attire le chaland des quatre coins du monde, quid de la qualité des mets ? Allons-nous ou non aimer ? Le premier visité s’inspire du terroir auvergnat, le second oriente sa carte vers le sud-ouest. Ce blog requiert vraiment un investissement personnel à toutes épreuves…

Devanture le Sagittaire     Devanture le Virage Lepic

Exclusivement pour les besoins de ce billet donc, nous nous sommes dirigés vers le numéro 77 de la rue Lamarck et avons ouvert les portes du Sagittaire. Une jolie salle cosy à dominante rouge et crème nous a accueilli. Ce cadre intimiste aux lumières douces paraissait idéal pour un dîner en tête-à-tête. Nous avons opté pour une formule « tout compris » à 34 euros : un apéritif, une entrée, un plat, une assiette de fromage, un dessert, un café et ½ litre de vin par personne. Au vu des plats proposés, ce menu semblait plutôt bon marché et permettait d’éviter les déboires dont Muriel Robin, loin des Himbas de Namibie, avait jadis été l’illustre victime.  

Un très classique kir royal nous a été proposé en guise d’apéritif. Malgré un manque certain d’originalité, nous l’avons bu avec plaisir, il était plutôt bon, n’en déplaise aux mauvaises langues ! Pour ouvrir ce repas, j’ai choisi une cassolette d’escargots au beurre d’ail. Là non plus, rien de bien étonnant. Prince® s’est véritablement régalé avec un foie gras en terrine. Mais nous aurions également pu opter pour une verdurette de pétoncles, un tartare de saumon, etc. Nos plats, un pavé de bœuf au poivre pour lui, une cuisse de canard confite pour moi, étaient savoureux. La purée, servie en garniture, était maison. Mon confit ni trop gras, ni filandreux, ni exagérément salé. Un vrai délice… Pour finir, Prince® s’est plongé dans une charmante assiette de profiteroles vanille-chocolat tandis que chocophile que je suis a craqué pour un craquant. Je n’ai pas réussi à déterminer s’il était ou non maison, mais il était tout de même très correct. En revanche, la crème anglaise sur laquelle il était disposé ne l’était pas. Dommage… 

Les produits servis au Sagittaire sont globalement de qualité, les cuissons maîtrisées, le service sympathique, sans chichi et efficace. Rien d’inédit n’émoustille les papilles mais la carte ne ment pas, elle ne laisse pas présager autre chose. L’inspiration auvergnate est ici très lointaine mais l’équipe ne mise pas forcément beaucoup sur cette carte-là. Et puis, la présence du fromage est notable. Peut-être que le Sagittaire était initialement un bougnat, ces cafés parisiens tenus par des immigrants du Massif central, à la fois débits de boisson et fournisseurs de charbon. L'apogée des bougnats se situe dans la première moitié du XXe siècle. Hélas ! il n’en reste aujourd’hui quasiment plus. Seuls quelques traces de cet héritage persistent comme la présence d’aligot, de saucisses auvergnates ou de viandes d’Aubrac dans les cartes.

Intérieur Le Sagittaire 2     Intérieur Le Sagittaire

Toujours entièrement dévoués à la cause de ce blog gourmand, Prince® et moi avons dîné dans le minuscule Virage Lepic, situé au numéro 61 de la rue Lepic. Dès le pas de la porte passé, la décoration suscite l’émerveillement : salle pas plus grande qu’une boîte à chaussure (26 couverts), ambiance taverne dans la pure tradition française, petites tables à touche-touche, nappes à carreaux rouges et blancs, murs habillés de photos d’artistes et d’affiches anciennes. Le chaleureux accueil du patron entre précisément en adéquation avec le décor ; le service est convivial sans être collant pour autant.

Le rinquiquin, délicieux vin de pêche qui nous a été servi en apéritif, nous a tout de suite enthousiasmés. N’ayant pas grand faim, nous n’avons pas pris d’entrée et choisi des plats à la carte. La prochaine fois, nous nous laisserons certainement tentés par une assiette d’os à moelle au gros sel, une terrine de lapin ou un gratiné à l’oignon. Les entrées qui dansaient autour de nous avaient l’air très appétissant. Mais les plats ne nous ont pas déçu non plus ! Parmi les rognons persillés, l’andouillette rôtie, le boudin aux pommes, le magret de canard au foie gras, le confit de canard, etc., nous avons tous les deux opté pour un cassoulet. Et nous n’avons pas regretté ce choix ! Goût et générosité étaient au rendez-vous dans la cassole traditionnelle. Seule la saucisse n’était pas au diapason mais ce détail fut laissé de côté tant le reste était parfait. Les desserts, toujours très tradi — fondant au chocolat aux quatre épices pour Prince®, tarte Tatin pour moi —, ont complètement emporté notre adhésion aussi. Il est devenu si rare de se délecter de vrais et copieux desserts au resto… Quel plaisir ! Ici tout est donc fait-maison et le patron en est très fier. Notons enfin que vin qui a arrosé ce repas était d’excellente facture.

Intérieur le Virage Lepic     Os à moelle

En plus d’être d’irréfutables preuves des sacrifices que je dois subir pour alimenter ce blog, ces deux dîners à Montmartre ont donc été d’exquis moments. La vocation première de ces établissements étant d’attirer les touristes, rien d’insolite ne vient surprendre nos palets autochtones. Mais au moins, on ne méprise pas les étrangers, les gavant comme des pigeons et les plumant au passage. Prix raisonnables, qualité de l’assiette et service aimable sont de la partie. Toutefois, il convient de distinguer le Sagittaire du Virage Lepic pour des occasions particulières. Le premier, au décor et à la présentation des plats plus raffinés, est davantage propice aux dîners en amoureux ; le second, plus bruyant, est à conseiller aux grosses tablées de copains. Mais dans tous les cas, la réservation est indispensable. Les Montmartrois ne s’y trompent pas, ils connaissent les bonnes adresses. Car, chers touristes, qui va Place du Terte perd sa place !

9 décembre 2012

A la soupe !

La veinarde que je suis vient de terminer deux best-soupières : La Liste de mes envies de Grégoire Delacourt, l’un des gros succès de l’année qui s’achève et Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom, un roman de Barbara Constantine qui s’est hissé dans le top 5 des ventes en 2010. Loin de moi l’idée de cracher dans la soupe ou de jouer les pimbêches bobos du XVIIIe, j’aime les romans populaires. Gare à l’expression « romans de gare », tous les best-sellers ne sont pas mauvais. Ils méritent même parfois d’être traités avec égard tant ils savent nous embarquer dans de gracieux voyages. J’avais trouvé brillant L’Elégance du hérisson de Muriel Barbery en 2006. Je m’étais laissée emporter avec délectation par Les Déferlantes de Claudie Gallay en 2008. Du reste, Les Misérables ou Germinal ne sont-ils pas des romans populaires ? J’ai donc ouvert La Liste de mes envies et Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom sans arrière-pensées.

La Liste de mes enviesTom petit Tom tout petit homme Tom

La Liste de mes envies narre les péripéties de Jocelyne, dite Jo, mercière à Arras. Cette femme d’âge mûr pose un regard tendre sur son existence. Elle se rêvait styliste mais a réussi à acheter un petit commerce, dont elle est finalement pas peu fière, et écrit un blog de dentellière à succès. Elle attendait le prince charmant mais c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté et, malgré les épreuves, leur couple a trouvé une certaine stabilité. Ils ont eu deux enfants, en ont perdu un, mais le temps, l’amour et la patiente ont effacé les blessures. Jusqu’au jour où Jocelyne, qui ne jouait pourtant jamais au loto, se laisse convaincre par ses copines et gagne 18 millions d’euros. Débute alors l’écriture puis la réécriture de la liste de ses envies.

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom est l’histoire de Tom, garçonnet de onze ans plus ou moins livré à lui-même. Il vit dans un vieux mobil-home avec Joss, sa très jeune mère. Celle-ci aime particulièrement les sorties, les garçons et prendre du bon temps avec ses copains. Comme Tom se retrouve régulièrement seul, il doit faire preuve d’ingéniosité pour manger et visite souvent les potagers de ses voisins. Un soir, en cherchant un nouveau jardin où faire ses courses, Tom rencontre Madeleine, veille dame de quatre-vingt-treize ans. Esseulée et larmoyante, elle est couchée au milieu de ses choux et ne parvient pas à se relever. C’est alors que commence une belle amitié transgénérationnelle.

Pour commettre une bonne soupe de lettres, certains ingrédients se démarquent nettement. Je vais tenter, à l’instar de Grégoire Delacourt, d’en faire ici la liste :
- une casserole percée ;
- un nuage de laids ;
- une impérissable banane ;
- une bonne dose de sentiments ;
- des rêves un peu nounouilles ;
- un fil blanc.

Pour cuire des mots comme autant de maux au cœur des amateurs de belles lettres, une marmite mitée est l’équipement indispensable. C’est dans les vieux pots que l’on écrit les plus belles soupes ! Faites donc bouillir votre b(r)ouillon dans un contexte social peu favorisé. Dans La Liste de mes envies, le faitout prend la forme d’une mercerie à Arras. Prenez donc un commerce en déperdition et ajoutez-y le chef-lieu du Pas-de-Calais, vous obtiendrez un cadre auquel la France entière rêve ! De son côté, en plus de grandir dans un mobil-home, Tom est flanqué d’une mère fuyante et peu attentionnée. La France d’en bas semble, dans ces récits, le cadre favorable à l’épanouissement d’un délicieux consommé.

 Soupière en croute          soupe-aux-lettres

Pour faire un beau potage de mots, il vous faut aussi de vrais héros. Evidement en ce XXIe siècle, le super-héros s’est cassé la binette. Mais le sourire inaltérable est toujours de mise et, si cette banane persiste après avoir accablé le héros de tous les ennuis, vous obtiendrez la bienveillance et la tendresse du lecteur. Jocelyne a perdu sa mère et l’un de ses enfants, son père est malade, son mari fut violent, ses enfants sont distants mais elle a fini par accepter et par aimer sa vie. Elle sait tricoter de petits bonheurs simples. Tom n’a pas de papa, une mère démissionnaire et vit dans un mobil-home mais il parvient à avoir de bonnes notes à l’école et à sourire à la vie. 

Pour être crédible, on trouvera à ces héros quelques défauts. Versez donc un nuage de laids. Ainsi, Jocelyne n’a pas la taille fine et Tom est un petit homme haut comme trois pommes. Jocelyn préférerait un mannequin et les camarades de Tom se moquent de sa petite taille. Oh… pauvres héros ! D’emblée, s’ils ne sont pas très beaux (comme nous, vilains lecteurs), ils nous semblent sympathiques. La littérature : dernier territoire de liberté où les laids ont encore le droit de cité ! Depuis que Stephane Heissel a ouvert la porte, les best-sellers ont le droit et même le devoir de s’indigner. A bas la société des apparences, vive les laids ! 

Souriants et laids ok, mais pas soupe au lait ! Car nos protagonistes sont gentils, bien gentils. Dressez les mots amour, patience et persévérance au firmament de leur existence et vous obtiendrez de beaux sanglots tout chauds. Jocelyne s’est jadis faite frappée par Jocelyn mais elle n’est pas partie car elle a compris qu’il était malheureux. Quant à Tom, malgré tous ses soucis, il prend la peine de s’occuper de Madeleine, une mémé qu’il méconnait, juste parce qu’il est gentil, bien gentil. Ces souplettes ne sauraient être complètes sans cette vision simplette du genre humain. La mauvaise fortune les accule mais la mauvaise volonté et la mauvaise foi, les héros connaissent pas. Les méchants c’est pas eux. Comme chez Disney, les malintentionnés finissent toujours par être punis et les gentils par s’en sortir. Ainsi Jocelyn, le mari voleur de Jocelyne, termine sa vie vieux, moche et alcoolique tandis que Jocelyne file le parfait amour. Idem pour Tom pour qui tout finit par rentrer dans l’ordre.

bol blanc 2       soupière       bol blanc 2

Après avoir arrosé votre mixture de tous ces bons sentiments, assaisonnez-la de rêves sans prétention. Dix-huit millions en poche, Jocelyne rêve de s’acheter : une lampe pour la table d’entrée, un portemanteau perroquet, deux poêles Téfal, un nouveau micro-ondes, un presse-légumes, des torchons, une centrale vapeur, une pince à épiler… Au fil du récit, elle fait et refait cette liste mais l’idée de voyager, de courir le monde ou de faire des folies ne l’effleure pas une fois. Jocelyne a le bonheur simple et neuneu comme les articles qu’elle vend dans sa mercerie. Tom est, pour sa part, un gamin de onze ans quasiment dépourvu de rêve et de jeu. Seule la bienveillance de son entourage semble aiguayer son quotidien. La pauvreté serait-elle une purge d’aspiration ? A onze ans, j’en doute un peu. Peut-être que Barbara Constantine a omis ce détail… Les désirs de nos deux protagonistes sont donc un peu étriqués pour ne pas dire nounouilles. Pour aller à la soupe, les auteurs épluchent le mot bonheur en tous sens. Bonheurs rase-motte et formatés mijotent à leur aise au fond de leur soupière.

Pour finir, un fil blanc sera nécessaire pour assembler ce beau bouquet garni. Point de métaphore filée ou d’une quelconque forme de poésie. Point de vocabulaire ou d’inspiration littéraire. Aucune envolée lyrique ne doit venir émulsionner la platitude du récit. Munissez-vous uniquement d’un fil blanc et cousez l’intrigue à la façon d’une couturière filant son ouvrage. Ainsi, dès son entrée en scène, on se doute que Samy est le papa de Tom. De même, qui n’a pas déjà dressé à plusieurs reprises la liste de ses envies s’il gagnait plusieurs millions d’euros. Rien ne nous étonne vraiment. Les événements décrits se devinent aisément à l’avance, de sorte à ce que le lecteur ne soit jamais mis en danger. Ne doutant pas un instant de son intelligence et de sa perspicacité, il se roule en boule et se complait dans le confort douillet de ses pensées les plus molles.

Pour faire une bonne souplette de lettres, vous l’aurez compris, une cocotte cabossée, deux héros prétendument attach(i)ants et un fil blanc sont essentiels. Faire recette avec des lettres paraît donc évident et les marchands de soupes auraient tord de s’en priver. Mais nous, buveurs de bons mots, pourquoi choisir ces soupes à la grimace instantanée ? Ces potages sont de vrais veloutés, on aime leur douceur et ils s’avalent d’un trait. On dirait un pot de Nutella ou un épisode de L’Amour est dans le pré. C’est bon, c’est rassurant, mais franchement, on s’y ennuie, on n’en sort pas grandi et l’on reste sur sa faim.

Allez, promis, s’en est fini des vilaines décoctions, la prochaine fois j’ouvre un grand cru ! Me croyez-vous ?

bol-de-soupe-en-bouillon         soupe sourire

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4 décembre 2012

Des madeleines en forme de "Je t’aime"

Paradoxalement, mon Prince® n’affectionne pas plus que ça les célèbres biscuits circulaires fourrés au chocolat et c’est sa plus grande force ! Après une dure journée de labeur, il gare son fidèle destrier en bas de l’immeuble, pose son costume de chevalier au vestiaire et enfile un tablier. Le pas de la porte passé, il aime s’adonner aux plaisirs de pâtisser. Le Prince charmant est avant tout un Prince gourmand. Ras le bol de jouer les Princes presque parfaits toute la journée, vive le cuisiner vrai !

Son crédo à lui : faire fondre ses hôtes de plaisir avec des recettes simplettes, discrètes et toujours chouettes. Aujourd’hui, Prince® a encore sévi. Il a ouvert le champ des possibles de la gourmandise grâce à l’une des plus mignonnes des mignardises. Il faut dire qu’il a plus d’un tour dans son fourreau, il sait gâter ses invités avec ses petits gâteaux. 

Sa déclaration sucrée, son space cake au cœur tendre, son philtre biscuité est ce soir… roulements de tambour… la célébrissime madeleine ! Qui ne connaît pas ce petit gâteau en forme de coquillage ? Sous son habit doré et sa célèbre bosse se cache un cœur moelleux et parfumé. Selon certaines sources, la madeleine tiendrait son nom d’une fine cuisinière qui aurait offert aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle un gâteau aux œufs moulé dans une coquille Saint-Jacques.

 Moules à madeleines   Assiette de madeleines

Autre épisode caractéristique de son histoire, jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les passagers du train qui passait par Commercy se pressaient aux portières des wagons afin de contempler le curieux spectacle des vendeuses de madeleines criant aussi fort que possible le nom de la fabrique qu'elles représentaient. Cette scène, aussi bruyante qu’insolite, était unique sur l'ensemble du réseau ferré français et contribua grandement à la popularité de la madeleine.

Si vous voulez aussi réaliser de petits Bijou® maison afin de réanimer quelques souvenirs proustiens et/ou pour chérir ceux qui vous sont chers, notez dans vos tablettes :

Ingrédients pour 30 madeleines : 
225 g de farine
175 g de sucre
100 g de beurre
1 sachet de levure chimique
4 œufs
1 cuillère à soupe d’eau de fleur d’oranger (c’est la signature de Prince®)
1 pincée de sel

Madeleine 1 Madeleine 2 Madeleine 3 Madeleine 4

Dans une terrine, battez les œufs entiers et le sucre.  

Ajoutez la farine, le sel, la levure tamisée, l’eau de fleur d’oranger puis le beurre fondu.

Avec un pinceau, beurrez les moules à madeleine puis saupoudrez-les de farine et secouez-les pour faire tomber l'excédent.

A l'aide d'une poche à douille ou d'une cuillère à café, remplissez chaque moule au 3/4.

Laissez reposer au frais pendant 20 minutes.

Enfournez puis laissez cuire 8 minutes environ à 220°C. Ajustez en fonction de la puissance de votre four.

Plateau avec madeleines    Trois madeleines

Réussirez-vous à attendre que les madeleines ne soient plus chaudes pour les déguster ? Tièdes, elles sont au top. Hummm… On en pleurerait... Rien ne parasite l’extase délicieux ! Ces mots d’amour pâtissés sont autant de baisers sucrés à la fleur d’oranger. Le temps d’un billet, Déclic délices s’est transformé en cybercafé des délices. De la Lorraine au Maghreb, il n’y a maintenant plus qu’une bouchée ! Bon voyage des sens !

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  • Nourritures terrestres et célestes se côtoient sous ma plume tonka. Dans ma marmite 2.0, un bouillon de culture mariant papotages, picotages, des livres et délices à savourer jusqu’à plus faim et/ou jusqu’au mot FIN.
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