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Déclic délices
26 octobre 2012

Avant, je n’aimais pas le cirque. Mais ça, c’était avant !

Avant, je n’aimais pas le cirque à cause des CE et de la télé. Ce type de spectacles rimait alors avec grand-messe de noël en carton-pâte d’où fusaient des rires d’enfants sur commande ou avec Patrick Sébastien animant des samedis soir malheureux. Avant, je n’aimais pas le cirque à cause de ses codes et conventions sassés et ressassés. Un genre artistique non poétique, sclérosé et dénué d’humanité et d’inventivité. Avant, je n’aimais pas le cirque à cause du dressage des animaux et des hommes. Exhibition sans émotion d’une faune rendue aphone et d’humains changés en chiens dans l'arène d’une foire où le démonstrateur s’appelle ironiquement Loyal. Malgré ces préjugés, une invitation à l’avant-première du spectacle Eclat et une curiosité toujours en alerte ont guidé mes pas au Cirque Bouglione, autrement dit Cirque d’Hiver.

C’est d’abord un lieu surprenant qui nous accueille et cueille notre bonne humeur. Le Prince Louis-Napoléon l’inaugura en 1852. Difficile d’imaginer un tel endroit en plein cœur de Paris pour la provinciale que je suis. Mais au détour d’une rue, le voici qui se dresse, immuable et gracieux, ce grand chapiteau de pierre claire. Décidément, Paris n’a pas fini de nous étonner ! Inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques et surmontée de hauts-reliefs, de frises et de statues, la façade du Cirque d’Hiver donne envie de pousser la porte.

                         Affiche            Cirque d'hiver

Une fois entré, on est bluffé par l’immensité et la beauté des lieux. Le poids du passé est tout de suite prégnant. Acquis par les Bouglione en 1934, ce cirque a servi de décor à de nombreux spectacles mais aussi à l’émission mythique « La Piste aux étoiles ». L’histoire de cette famille est indissociable de celle des arts circassiens et du fantasme qui stimule le plaisir des spectateurs. Ces Roms pakistanais montreurs d’ours en Italie au XVIIIe siècle n’ont rien de banal et la légende continue de faire mouche sur scène avec la présence de plusieurs représentants de cette illustre lignée. 

Pendant deux heures trente, une spectaculaire machinerie fait rouler ses mécaniques sous nos yeux intrigués. Le personnel est abondant en salle comme en coulisses, les tableaux s’enchaînent avec une facilité déconcertante : cerceau, dressage de fauves, de chevaux, de chiens, jongle, trapèze, acrobatie, pole-dance, tir à l’arbalète et lancer de couteaux, sangles, voltige, magie (par les Bouglione en culottes courtes), danseuses, clowns. Les artistes ne manquent pas de panache et, contre toute attente, on ne s’ennuie pas !

Ce dispositif bien huilé agrémenté de magnifiques jeux de lumière et d’un orchestre de douze musiciens fonctionne parfaitement. Le décor carmin et or est sublimé par différentes ambiances lumineuses au fil des numéros. La partition fait alterner morceaux traditionnels et reprises de tubes contemporains (Véronique Sanson, Michael Jackson, Gotan Projet, etc.). Je me suis même surprise en train de danser ! Le moment est festif et chaleureux.

            Cirque intérieur     fauves

Toutefois, quelques détails altèrent cet enthousiasme.

Monsieur Loyal met souvent l’accent sur la volonté des Bouglione de revisiter le genre. Mais, en vérité, ce cirque a du mal à se réinventer. Les numéros sont attendus et on a l’impression de les avoir déjà vus mille fois sans pourtant être familiers des chapiteaux. Le genre demeure enfermé dans ses codes et, malgré quelques timides tentatives — comme un numéro mariant trapèze et tango ou une démonstration hydrique de claquettes et de jongle —, rien ne nous étonne vraiment.

D’autre part, la seule émotion sollicitée est l’admiration. Ohhh ! c’est beau !!! Ohhh ! c’est impressionnant !!! Ahhh ! il n’a pas tué sa femme avec ses couteaux !!! Dans une société où nous sommes bombardés d’images spectaculaires, comme celles d’un homme sautant en parachute depuis l’espace, peu de choses sont encore susceptibles de pimenter notre quotidien d’adulte. Ce qui fonctionnait il y a 50 ans ne peut avoir le même impact aujourd’hui. Les voies de la poésie, de la suggestion ou de l’illusion me semblent désormais plus pertinentes dans l’enceinte d’un cirque.

Cette quête d’admiration se développe chez les artistes dans une course à la perfection. Et lorsque tout est  impeccable, nous sommes proches du bâillement. Les corps se tordent dans tous les sens, les numéros s’exécutent à merveille, les animaux obéissent aux doigts et à l’œil… Il n’y a pas de place pour le fragile, le timide ou le boiteux. Heureusement, il y a des erreurs et, lorsque les artistes chutent avant de retenter une pirouette, nous vibrons enfin ! Ces acrobates, voltigeurs, jongleurs ne sont donc pas des machines, ouf ! Les clowns, eux aussi, redonnent un peu d’humanité à l’ensemble par leurs vices et leur gaucherie.

Enfin, une question me turlupine : pourquoi les femmes sont-elles si souvent reléguées au rang de potiches à paillettes ? Celle qui se fait tirer dessus à l’arbalète arbore, en lieu et place d’un pantalon, une simple culotte. Une jolie culotte, certes, mais son tireur de mari est quant à lui vêtu d’un pantalon des plus sobres. En outre, les danseuses n’ont pas de numéros à proprement dit. Elles assurent simplement des transitions sexy entre les passages sur scène des autres artistes. Je ne veux pas jouer les chiennes de garde enragées et ne crache pas sur l’idée de faire entrer le cabaret et un peu de sensualité sous le chapiteau, mais moi aussi j’aime bien les hommes en dessous et là… je reste sur ma faim ! 

Malgré ses difficultés à se moderniser, son besoin viscéral de nous épater, sa quête de perfection un peu chiante et ses frêles élans de misogynie, le cirque est tout de même extraordinaire. Le beau spectacle qu’il nous offre, la générosité qui en émane et le fantasme qui se dégage de son histoire nous font passer un excellent moment. Avant, je n’aimais pas le cirque. Mais ça, c’était avant. Je me suis Eclatée et j’y retournerai !

                                                     bouglione

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23 octobre 2012

La Moustache, roman un poil rasoir d’Emmanuel Carrère

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Marc et Agnès forment un couple banal. Lui, architecte dans un cabinet qu’il codirige. Elle, attachée de presse aux éditions Belin. Ils vivent à Paris dans l’amour, la tendresse et le confort d’une vie sans heurt. Un jour, pensant étonner sa femme et son entourage, Marc rase la moustache qu’il porte depuis dix ans. Cet acte, a priori anodin, est l’élément central du roman.

Lorsque Marc sort de la salle de bains, Agnès fait mine de ne pas remarquer cette transformation. Lors du dîner qui s’en suit chez leurs amis, Serge et Véronique, personne ne commente ce geste. Le lendemain, ses collègues de travail ne paraissent pas plus intéressés par ce changement de physionomie. Ou tout du moins, personne ne prend la peine d’émettre un commentaire.

Marc pense d’abord à une vaste blague montée par Agnès dans la complicité de tous. Oscillant entre l’incompréhension, la surprise et la vexation, il abandonne la piste du gag pour celle de l’hallucination, voire de la dépression. Mais de qui ? De sa femme sûrement… Ou de lui, peut-être.

Marc échafaude tout un tas de stratégies pour vérifier avoir jadis bien eu une moustache mais aucune ne semble donner de réponse fiable. Agnès pousse le vice ou la folie — telle est la question — jusqu’à nier le souvenir de vacances récentes à Java. Serge et Véronique n’ont jamais existé non plus. Et le père de Marc, qu’il croyait en vie, est décédé il y a plusieurs mois. La réalité se brouille dangereusement.

L’hypothèse du complot surgit alors dans l’esprit de Marc. Les ficelles de cette intrigue ne sont ni celles d’une plaisanterie, ni celles de l’aliénation mais celles de la perversité d’Agnès. Elle a bâti ce plan diabolique pour vivre paisiblement son histoire d’amour avec Jérôme, l’associé de Marc. Pris de panique et immensément fatigué par cette épopée insensée, Marc prend un avion pour Hong-Kong. Réalisant sur place sa fragilité, il imagine désormais vivre reclus au bout du monde. La question qui cristallise le récit reste en suspens.      

              Moustaches          Moustaches         Moustaches

Le roman explore avec brio les tréfonds de l’âme humaine et la quête de soi. On suit minutieusement le raisonnement et les hypothèses de tout poil qu’édifie tour à tour le héros. Adhérant à l’une puis à l’autre explication, toute vraisemblance semble nous échapper nous aussi. Cette quête de sens se transforme en ballotement incessant.

Les théories croisées, bien qu’extrêmement justes et psychologiquement pertinentes, sont parfois redondantes, lassantes et finissent par nous barber passablement. L’envie de couper court nous effleure nous aussi. Après tout, si notre héros a eu ou non une moustache nous importe peu. Que ses bacchantes, glorieuses ou autres poils d’ornement aillent au diable !

C’est la perspective du dénouement qui nous incite à poursuivre notre lecture et nous maintient en haleine. Comment Emmanuel Carrère va-t-il réussir à se tirer de ce pétrin et quelle issue trouvera-t-il à son héros ? Pour conclure, l’auteur s’en sort par une pirouette. Il nous renvoie à notre propre folie en nous faisant reconsidérer l’ensemble du récit. Ai-je bien compris ? Ne perdrais-je pas la tête moi aussi ? Mais cette stratégie, en définitive assez banale, ne justifie pas la description infinie des errements de notre héros.

L’enjeu véritable de la folie n’est pas assez prégnant et cette porte de secours se révèle finalement un procédé factice dont le lecteur n’est pas dupe. Je suis donc assez perplexe à l’issue de cette lecture. Peut-être que le visionnage du film éponyme, réalisé par Emmanuel Carrère lui-même, m’éclairera sur ses intentions… Et que le formidable Vincent Lindon me passionnera davantage.

Film - La moustache

16 octobre 2012

La Fête pompette de Montmartre

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Ce week-end avait lieu à Montmartre la 79e Fête des vendanges. Quand on a la chance de vivre dans ce chouette quartier et qu’on aime bien boire un petit coup, quoi de plus normal que de prendre part à cette joyeuse célébration ?!  Si le vin de la butte nous bute et nous rebute par son prix et sa piètre réputation gustative, la fête qui le célèbre est l’un des rendez-vous les plus populaires de la capitale après Paris Plages et La Nuit Blanche. Deux ans après l’inscription du « repas gastronomique des Français » au Patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco, les organisateurs ont décidé de mettre nos sens en éveil et de célébrer les gourmandises. Quelle bonne idée ! Cinq jours durant, Montmartre offrait donc aux Parisiens dégustations, concerts, ateliers et bien d’autres animations alléchantes.

En raison d’inquiétants nuages accumulés au dessus des toits de Paris, nous nous sommes armés de bottes et de parapluies pour aller admirer le feu d’artifice orchestré par Joseph Couturier samedi soir au dessus du Sacré Cœur. Pétards et fusées côtoyaient étoiles célestes et étoiles gourmandes dans une jolie métaphore gastronomique contée et mélodique. En guise de champagne, de grandes gerbes dorées retombant en chapelets scintillants nous étaient d’abord servies. Puis d’explosions pyrotechniques en illusions gastronomiques, un menu de fête a déroulé ses charmes sous nos yeux d’enfants. Beaucoup de poésie et de drôlerie ont agrémenté ces tableaux enflammés jusqu’au dessert mais quelques faiblesses dans le vocabulaire technique de ces mises en bouche ont quelque peu terni l’ensemble. Pour autant, nous n’avons absolument pas regretté d’avoir assisté à cette ardente déclaration d’amour à la gastronomie française. 

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A l’issue du spectacle, nous sommes montés tout en haut de la butte où se tenait une balade gourmande. Mais entre bousculades et cris d’ivrognes (pas tous imbibés du breuvage que nous célébrions alors !), nous avons eu du mal à profiter des stands mettant à l’honneur goûts et saveurs de nos régions. Dégoût et odeurs étaient plutôt légion dans cette masse joyeusement alcoolisée.

Dimanche matin avait lieu la cérémonie des non-demandes en mariage qui rend hommage à Georges Brassens et consacre l’amour dans le décor de la place des Abbesses. Les amoureux sont déclarés « fiancés pour l’éternité » par Daniel Vaillant, maire du XVIIIe. Une initiative loufoque et originale comme on les aime ! Mais habitant dans le quartier depuis peu de temps, nous nous sommes réveillés un peu tard et l’inscription nous est passée sous le nez. Une autre fois peut-être…

L’après-midi, direction La Cigale où se tenait un spectacle gourmand pour clore les festivités.
Gérard Chaillou (alias Jean-Guy dans « Caméra café ») nous a offert un extrait de son spectacle « L’Art des mets ». Nous nous sommes notamment délectés de la lecture d’une désopilante préface de Michel Galabru ouvrant un ouvrage sur les truffes. Dans la bouche de Gérard Chaillou, la verve de Galabru reprend vie et dévoile un rêve : « être enfin une truffe, une vraie, une Mélanosporum, et passer enfin à la casserole ! » Génial !
S’en suivait un numéro de jonglerie des plus inhabituels, « Bistrot », par la compagnie Olof Zitoun. Dans le décor d’un bar crasseux, trois jongleurs-comédiens firent virevolter des bouteilles et des verres au rythme de la mandoline et de la derbouka. Ambiance tzigane-orientale insolite et un tantinet comique. Délicieux !

Enfin, ce beau week-end de fête se terminait sur le concert de l’auteur-compositeur-interprète Thomas Fersen dans une salle toute acquise à sa cause et reprenant en cœur de nombreux morceaux. Nos oreilles ont été copieusement assaisonnées par la voix caverneuse que Thomas Fersen pose sur des textes ciselés. Il se révèle être un artiste mutin, rêveur, élégant et décalé qui ne sombre jamais dans le pathos mais brosse des personnages naïfs issus d’un monde féerique à la Tim Burton. Nous avons adoré nous dandiner sur les rythmes endiablés des fables burlesques de ce dandy généreux ! Deux rappels lors d’un concert gratuit de fin d’après-midi, ce n’est pas banal. Chapeau bas !

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12 octobre 2012

Epiçons et poivrons l'automne !

Des formes généreuses, des couleurs chatoyantes, une peau lisse et brillante toujours au top… la star de l’été est sans conteste le poivron ! Figure incontournable de la cuisine méditerranéenne, ce légume se déguste aussi bien cuit que cru et agrémente à merveille les fameux poulets basquaises, paëllas, chilis con carne et autres gaspachos.  

                                 

             poivron vert        3 poivrons     poivron vert bis

A titre personnel, son nom évoque le souvenir des verrines de ma copine Céline dans lesquelles elle le marie merveilleusement à la sardine, ou encore celui d’un déjeuner dans un bar à tapas de la Boqueria, l’emblématique marché de Barcelone, où nous l’avions savouré juste grillé à la plancha. Il y a de la chaleur et des accents latinos dans son sillage et, en ce début d’automne, il permet de prolonger l’été encore un peu. Nos papilles jubilent et à nouveau le soleil brille.

Si vous voulez vous aussi chasser les nuages de votre assiette, voici une recette totalement inédite, puisque tout droit sortie de mon ciboulot, Les Poivrons farcis façon Bibi 

Poivrons farcis

 Ingrédients :
- Quatre petits poivrons de toutes les couleurs
- 250 g de chair à saucisse (ou un reste de viande si vous en avez)
- Un petit poireau
- Une carotte
- Une briquette de sauce tomate nature
- Le quart d’une baguette de pain
- Un verre de lait
- Une échalote
- Une gousse d’ail
- Persil
- Paprika, piment doux
- Sel, poivre

Faites cuire la carotte débitée en rondelles dans un peu d’eau au micro-onde pendant une quinzaine de minutes.
Pendant ce temps-là, mettez le pain à tremper avec le lait.
Parallèlement, faites revenir à la poêle le poireau et l’échalote avec une goutte d’huile d’olive. Attention, l’ensemble peu vite noircir.
Vous aurez sûrement le temps de laver, de couper et de vider les poivrons.

Mélangez ensuite la viande, les poireaux, l’échalote, la carotte, la sauce tomate, le pain au lait, l’ail et le persil. Epicez et assaisonnez à votre convenance.

Remplissez les poivrons avec cette farce en intervertissant les chapeaux (fini l'harmonie, c'est plus joli ainsi !).
Passez au four à 190°C pendant 1 h – 1 h 30.
 
Dégustez accompagnés de quelques feuilles de salade et/ou de pâtes à la sauce tomate.

Bon appétit et gare aux coups de soleil !

9 octobre 2012

Vertigiseuses Falaises d’Olivier Adam

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Falaises c'est de là qu'Olivier Adam précipite la mère du narrateur. Ce chaos aimante trois autres personnages au cours du récit. Sombre tableau de prime abord. Non. Une lumineuse ode à la vie en vérité.

Falaises c'est avant tout le bord du précipice. Cet endroit que les géomorphologues ont oublié de nommer et qui s'avère être ici le camp des vivants ou plutôt celui de la vie qu'il reste quand tout le monde tombe. Si beaucoup choisissent de franchir l'escarpement, Olivier Adam pose en filigrane la question de la résistance. Pourquoi choisir la vie quand tout s'effondre ? C'est par petites touches qu'il répond à cette énigme.

L'image d'un clair-obscur oscillant sans cesse entre le pire et le meilleur apparaît d'abord.

D'un côté, la mort, le goût âcre du sang qui persiste longtemps en bouche après, la violence qui s'immisce insidieusement dans le comportement des (sur)vivants, la danse indécente des fantômes, le décor monotone et monochrome des banlieues. Ces morts nous écœurent et, pour combler le vide, notre héros se noie un temps dans l'alcool.

De l'autre côté, s'anime une cohorte de jolies choses, des fragments de lumière de plus en plus présents et intenses. Le sel de la vie, qu'Olivier Adam décrit ici, ce sont les innombrables détails qui composent la beauté du monde : les hésitations pudiques de certains, la fraternité par-delà les différences et les distances, le temps qui passe et qui efface quelques aigreurs, les paysages infinis de bord de mer. La tension dramatique qui électrise le récit rend chacun de ces éléments primordiaux et insuffle un lyrisme délicat.

Finalement, la violence incarnée dans les rapports sexuels, les relations père-fils ou les disparitions brutales est transcendée par des instants de bonheur simple ou de contemplation, la possibilité de se construire une existence propre et les valeurs de fidélité et de sincérité qui naissent au fil des pages et maintiennent notre héros hors des flots. Son avenir s'illumine grâce à l'entrée en scène de Claire, figure maternelle enfin retrouvée, avec qui tout semble possible.

Bébé Chloé née, la boucle est bouclée, la vie reprend sens. Les falaises d'Etretat se muent en décor de vacances. Tandis que la mer se déchaîne et emporte les corps au loin, le soleil pointe enfin à travers les nuages. 

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7 octobre 2012

Pana cotta vanille-mangue, un charmant talisman

Magicien pâtissier, mon Prince® dissimule ses tours comme pour mieux m’épater. Il aime voir mes yeux briller devant la piste aux étoiles des desserts qu’il dresse et me sert. Mais cette fois-ci, je crois avoir percé le mystère de sa pana cotta vanille-mangue et, en mauvaise joueuse, je vous en révèle les coulisses. A vos baguettes !

 Panacotta magic

Point de poudre de perlimpinpin, de bave de crapaud ou de queue de lézard dans nos grimoires ce soir. Pour réaliser ce dessert magique et rougir sous le feu des applaudissements de vos hôtes en extase, voici la liste des ingrédients (pour 6 convives) :

Pour la pana cotta :
- 50 cl de crème fraîche liquide
- 50 g de sucre
- 1 cuillère à café d’extrait de vanille ou encore mieux… une gousse
- 3 feuilles de gélatine

Pour le coulis de mangue :
- 1 mangue
- l’équivalent de la moitié du poids de la mangue en sucre

Pour commencer, faites chauffer à feu doux la crème, le sucre et la vanille sans cesser de remuer avec une spatule en bois. Incorporez les trois feuilles de gélatine préalablement trempées dans l'eau froide.

Quand le mélange commence à bouillir, arrêtez le feu et laissez refroidir légèrement en mélangeant toujours pour éviter qu'une peau ne se forme à la surface. Versez dans de petits ramequins puis mettez cet envoûtement au frais au moins deux heures.

Pour préparer le colis de mangue, épluchez la mangue puis coupez-la en petits dès. Maintenant débarrassée de son noyaux, pesez-la. La quantité de sucre à ajouter équivaut à la moitié du poids du fruit. Mettez la mangue à cuire à feu doux dans une casserole et saupoudrez-la du sucre préalablement pesé. Cuisez lentement en mélangeant de temps en temps. Une fois l’appareil cuit, mixez-le avec un pied à soupe.

Deux heures se sont maintenant écoulées, versez le coulis refroidi sur la pana cotta puis surmontez l’ouvrage d’une framboise, de copeaux de chocolat ou de motifs sucrés en guise de poudre aux yeux. 

Maintenant libre à vous de faire tourner les tables, mais moi je m’attable. A qui le tour ?! 

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3 octobre 2012

C'étaient des enfants, exposition à l'Hôtel de Ville de Paris

                                                  exposition-c-etaient-des-enfants-a-l-hotel-de-ville

Il est des sujets qui instaurent d’emblée un sentiment de respect, une tension et une inétanchable soif de comprendre. La Shoah en fait partie et le sort réservé aux enfants dans cette sombre page de l’histoire de l’humanité en demeure l’un des chapitres les plus poignants. Aujourd’hui la ville de Paris rend hommage aux petits Parisiens juifs qui vécurent la Seconde Guerre mondiale.

Outre les massacres perpétrés par la barbarie nazie, c’est bien la philosophie qui a conduit à tant d’horreurs qui demeure le plus glaçant. Car c’est l’avenir du peuple juif que les nazis ont cherché à anéantir en persécutant les enfants. Et ce, sans plus se cacher. La rafle du Vel’ d’Hiv’ marque une rupture dans la persécution des juifs de France. Désormais, l’âge ne protège plus les enfants. Quelques-uns réussirent à échapper au pire, d’autres moururent de privations ou furent gazés dans des camps de concentration.

L’exposition donne à voir comment certains se cachèrent, quels étaient les réseaux ou les colonies de vacances leurs permettant d’échapper aux persécutions, comment des Parisiens s’organisèrent pour enrayer ce fléau. L’honneur de la ville de Paris se niche dans ces élans de solidarité qui ont permis de sauver de nombreux enfants. Près de 80 % de ceux qui résidaient dans la capitale en 1939 ont survécu.

           photos enfants  doisneau

Des courriers, des dessins, des jouets, des vêtements et des photographies nous éclairent sur le quotidien des petits juifs et rendent l’époque plus tangible. Quand l’histoire sort des livres, on se souvient qu’elle n’est pas fiction et nous devient soudainement intime. L’un des documents les plus marquants résulte de travaux conduits par un instituteur au sortir de la guerre. Il demandait aux enfants d’exprimer ce qui les a fait le plus souffrir dans cette épreuve. Sous ces maladroites plumes, une haine abyssale des coupables et un immense tourment ébauchent un témoignage désarmant. Ils ont tous vécu ces années dans l'effroi et perdu de nombreux proches.

A l’issue de l’exposition, c’est la même question déjà née à la lecture de Un sac de billes de Joseph Joffo ou lors du visionnage du célèbre téléfilm de Jean-Louis Lorenzi, La Colline aux mille enfants, qui nous taraude encore et encore : comment l’être humain peut-il se révéler aussi cruel ? Face à l’innocence et à la candeur incarnées par la parole enfantine, la solution finale demeure d’autant plus énigmatique et absurde.

2 octobre 2012

Un cannelé et un saumon convolent en justes noces

Quand arrive le week-end, qu’une petite flemme se fait sentir et que se profile une soirée pantoufles, mon Prince® et moi optons souvent pour une session de grignotage sauvage devant la télé. Pour accompagner ces tête-à-tête régressifs, rien de tel que de déboucher une belle bouteille et de fourrer tout un tas de gourmandises dans de petites verrines : mini-brochettes, champignons crus, émulsions crémeuses…  

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Ce soir dans nos fourneaux : Cannelés au saumon fumé ou comment rendre sexy la remontée de la Gironde par un beau poisson tout de rose vêtu… Le cannelé bordelais aurait été inventé au XVIIIe siècle par les religieuses du couvent des Annonciades, merci mes sœurs ! En ce XXIe siècle dépravé, je propose de marier cette gourmandise originellement sucrée avec la star des poissons : Monsieur Saumon. Après le mariage de la carpe et du lapin, voici l’union sacrée du saumon et du cannelé. De quoi faire évoluer les mœurs…

Si ces petites bouchées vous font envie, voici la liste des ingrédients pour réaliser 10-15 pièces :
- Un demi-litre de lait
- 2 œufs entiers
- 2 jaunes d’œuf
- 100 g de farine
- 50 g de beurre (+ du beurre pour graisser les moules)
- 2 belles tranches de saumon fumé
- Aneth
- Cumin
- Sel et poivre

Enfilez votre tablier puis faites bouillir le lait et le beurre.
Pendant ce temps, mélangez la farine, les œufs et les jaunes d’œuf.
Versez ensuite le mélange lait bouillant et beurre sur la 2nde préparation.
Mélangez doucement afin d'obtenir une pâte comparable à de la pâte à crêpes. Ajoutez l’aneth, le cumin, le poivre et un peu de sel (attention, le saumon fumé est déjà très salé). Placez au réfrigérateur pendant une heure.

Versez la pâte froide dans les moules préalablement beurrés et agrémentés de petits bouts de saumon. Attention à ne les remplir qu’à moitié.

La cuisson est l’étape la plus délicate de la recette, ne vous éloignez pas trop !
Il faut d’abord saisir la préparation pendant 5 min en enfournant les moules dans un four très chaud (250°). Baissez ensuite le thermostat à 180°C et poursuivez la cuisson pendant environ 45 min. Les cannelés doivent être bruns à l’extérieur et bien moelleux à l’extérieur.

Démoulez encore chaud, arrosez d’un jus de citron, dégustez-les tièdes ! 

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1 octobre 2012

JB Poquelin à la sauce destroy

Que les intégros-bobos-intellos passent leur chemin.

Devant Full Métal Molière, on rit de bon cœur et sans faire fonctionner un seul de ses neurones. Les puristes n’ont pas leur place au Point Virgule ce soir (et ça tombe bien vu la taille du théâtre). Ça pétarade, ça se chamaille, et dieu que c’est bon de rire aussi spontanément !

D’emblée nous sommes pris en otage par deux comédiens. Lampes torches, cafouillages, bric-à-brac… On y croirait presque ! Leur nullité leur interdit d’être programmés où que ce soit ou de percer dans le milieu du show-biz. C’est pourquoi ces deux artistes ratés baignent les loges du sang de la troupe venue initialement jouer pour nous ce soir et s’emparent de la scène. Si les spectateurs ne viennent pas à eux, ils viennent aux spectateurs ! Nous voilà alors contraints à subir une laborieuse et grotesque version du Malade imaginaire.

Un troisième personnage nommé Sébastien surgit bientôt sur scène. Aussi minable que minus, il est sensé jouer avec la précédente troupe et donner la réplique à Michel Sardou. Mais nous venons de vivre en direct la mort aussi pathétique qu’antihéroïque du dernier chanteur de droite ! La troupe éradiquée, Sébastien est lui aussi embarqué dans cette prise d’otage. A la fois comédien galérien et détenu des deux monstres, il est le liant entre nos tortionnaires et nous, spectateurs.

Full métal molière 2

Costumes pourris, perruques ridicules et fontaines de faux sang agrémentent à ravir ce pathétique tableau de la vie d’artiste. Qu’il est difficile de s’approprier un texte, de dompter une émotion, de comprendre une époque, de se mouvoir dans un décor… Au contraire, qu’il est porteur d’espoir et enthousiasmant de recevoir un appel pour jouer dans la plus kitch des pubs : Madrange, mon jambon star ! S'entrechoquent alors deux mondes. D’un côté, le grand, le noble, l’intemporel ; et de l’autre, le facile, le rémunérateur et bondé de clichés, de strass et de paillettes.

Le rire jaune et les moqueries que nous inspirait ce trio de loosers cèdent bientôt le pas dans nos cœurs de spectateurs-otages à une immense tendresse. Finalement atteints du syndrome de Stockholm, ça zigouille dans tous les sens et nos zygomatiques adorent ça ! Décalée, cynique et trash, cette pièce est à prendre au second degré, évidement ! 

Affiche Full métal Molière

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  • Nourritures terrestres et célestes se côtoient sous ma plume tonka. Dans ma marmite 2.0, un bouillon de culture mariant papotages, picotages, des livres et délices à savourer jusqu’à plus faim et/ou jusqu’au mot FIN.
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